Ce que le corps sait : relier le NARM et la Somatic Experiencing

Somatic Experiencing : quand le corps n’a pas pu réagir

La Somatic Experiencing, développée dans les années 70 par Peter Levine, part d’un constat essentiel : ce n’est pas l’événement traumatique en soi qui crée le trauma, mais l’incapacité du corps à compléter sa réponse de survie.

Quand un danger survient et que tu ne peux ni fuir, ni te défendre, ton système nerveux entre en figement. L’énergie reste bloquée dans le corps, et ce gel crée une empreinte traumatique durable.

Résultat :

• Anxiété chronique,

• Hypervigilance,

• Dissociation,

• Douleurs physiques persistantes,

• Épuisement sans cause apparente…

La Somatic Experiencing permet de reprendre contact avec ces réponses incomplètes, pour les laisser se déployer doucement, à travers :

• des micro-mouvements,

• des tremblements naturels,

• une respiration retrouvée,

• ou encore des mots qu’on n’avait jamais pu dire.

C’est une méthode très respectueuse du rythme du corps, qui ne force rien.

Le NARM : explorer l’identité forgée dans le trauma

Le NARM (NeuroAffective Relational Model), créé par Laurence Heller, est une approche issue de la SE… mais qui va plus loin. Là où la Somatic Experiencing aide le corps à libérer l’énergie bloquée, le NARM s’intéresse à une autre couche : l’identité construite autour du trauma.

Parce que lorsque tu vis une expérience traumatisante (surtout dans l’enfance), tu ne t’arrêtes pas au ressenti physique. Tu en tires des croyances :

• « Je ne dois pas prendre de place »

• « Je suis un problème »

• « Je ne mérite pas d’être aimé.e »

• « Je dois tout contrôler pour survivre »

Et ces croyances façonnent ta relation à toi-même, aux autres, au monde.

Le NARM pose donc des questions précieuses après le travail corporel :

• Quelle image de toi s’est construite dans ce figement ?

• Quelle part de toi a honte de ce qu’elle ressent ?

• Quelle croyance t’empêche encore d’être en lien ?

C’est ce double niveau qui rend l’approche si puissante : on libère le corps ET on libère l’histoire que tu t’es racontéepour survivre.

Trauma de choc vs trauma relationnel : deux mondes, deux réponses

La Somatic Experiencing est très efficace pour les traumas de choc : accidents, agressions, événements ponctuels où ta sécurité a été brutalement interrompue.

Mais dans le cas du trauma relationnel, ce que le NARM appelle trauma développemental, les choses sont plus subtiles. Ce sont des expériences répétées, souvent sans souvenir précis, mais avec une atmosphère constante d’insécurité :

• un manque d’attunement,

• une absence de regard sécurisant,

• un besoin affectif ignoré ou moqué,

• une peur de dire non…

Ici, le style de survie devient un mode de fonctionnement, un filtre permanent à travers lequel tu perçois ta vie. Et c’est exactement ce que vient dénouer le NARM.

En pratique : comment les deux approches s’articulent en séance

Prenons un exemple concret. Julie, 38 ans, vient en séance parce qu’elle souffre d’anxiété chronique. Elle a toujours l’impression d’être en apnée, alors que sa vie semble stable.

Dès les premières minutes, elle s’excuse pour tout. Pour respirer plus fort, pour pleurer, pour exister. Son corps est en hypervigilance, sa voix est douce, presque absente.

Avec les outils de Somatic Experiencing, le thérapeute l’invite à :

• Observer sa respiration,

• Sentir ses pieds au sol,

• Rester présente à sa gorge serrée…

Puis, avec les outils du NARM, on va plus loin :

• « Est-ce qu’il y a une part de toi qui croit qu’elle ne devrait pas prendre de place ? »

• Et là, le corps lâche.

• Julie pleure. Pas une crise. Un relâchement.

• Elle dit : « J’ai toujours eu peur qu’on m’en veuille si je me montrais. »

C’est ça la puissance du duo SE + NARM :

• Le corps s’exprime.

• Le cœur comprend.

• Le système nerveux se régule.

• L’identité se transforme.

Ce que tu peux retenir si tu te sens anxieuse ou figée

• Ton système nerveux n’oublie rien.

• Ce n’est pas dans ta tête.

• Ce que tu vis est souvent une réponse automatique à un danger ancien.

• Tu as le droit de reprendre contact avec ton corps, en douceur.

• Tu as le droit de remettre en question les croyances construites dans la survie.

• Tu peux combiner plusieurs approches pour t’accompagner avec justesse et respect.

Somatic Experiencing et NARM : une synergie au service de ta guérison

Ces deux approches ne s’opposent pas, elles se complètent :

• La Somatic Experiencing t’aide à dégeler l’énergie de survie.

• Le NARM t’aide à te libérer de l’identité forgée dans le trauma.

Elles sont deux langages du corps et du lien. Deux chemins qui mènent vers la régulation, la présence et l’autonomie intérieure.

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